Individualisme au travail : une époque marquée par le culte du Moi
Notre époque est celle du « culte du Moi », ou pour le philosophe Eric Sadin, celle des « égos boursouflés » (in L’ère de l’individu tyran, la fin d’un monde commun, 2020, Éditions Grasset ) :
L’Individualisme au travail : entre épanouissement personnel et dérive narcissique
- A la fois « positif » : injonction à l’épanouissement personnel et professionnel, à la réalisation de soi, voire recherche du « bonheur en entreprise », promotion permanente de l’image personnelle à travers les réseaux sociaux.
- Et négatif : là où chacun ne fait valoir que des droits individuels, la société et les rapports sociaux ne peuvent que se judiciariser.

Individualisme au travail et fragmentation des identités
Notre époque est également celle de la lutte contre les discriminations et de la mise en exergue de phobies : homophobie, transphobie, grossophobie, etc…. Elle est aussi celle de la division des populations en sous-catégories ( « baby boomers Vs Millenialls », « féministes Vs virilistes ») liées à des caractéristiques personnelles des individus ( « je suis » femme, gay, jeune, etc….).
Comment dépasser l’individualisme au travail pour préserver le collectif ?
Retrouver un espace commun
- Comment faire en sorte que l’appartenance à ces catégories n’envahisse pas tout l’espace collectif ?
- Comment préserver un espace commun neutre, dénué d’enjeu liés à la reconnaissance des personnes et des subjectivités ?
- Comment éviter que nos relations et nos organisations se judiciarisent « à l’américaine », et que chacun soit dans une posture permanente de revendication de droits ?
Repenser nos rapports professionnels
Devant ces questions, il s’agit selon nous :
- De promouvoir un cadre commun respectueux de chacun et partagé par tous, plus que de « lutter contre les discriminations ».
- De prendre ou reprendre conscience que faire collectif est un effort : il s’agit de prendre sur soi et de faire des concessions par rapport à nos préférences individuelles. Cet effort est d’autant plus important quand tout nous pousse au culte de l’égo.
- De promouvoir des rapports adultes au travail, c’est-à-dire séparant clairement les affects et la subjectivité personnelle de chacun de ses objectifs professionnels.