Le sexisme dans le monde du travail : constats du HCE
Dans son deuxième rapport, publié en mars 2020, le HCE développe plus amplement la situation dans le monde du travail, dans un chapitre intitulé : « l’entreprise, un haut lieu de sexisme avec un encadrement juridique peu mobilisé mais des initiatives remarquables ».
Dans l’enseignement supérieur : un terreau préoccupant
« Le HCE a choisi de regarder d’abord le milieu des universités et des grandes écoles qui font office de creuset du sexisme. Bastions « virilistes » où règne une sorte d’institutionnalisation du sexisme qui fonctionne comme rite intégrateur, les grandes écoles banalisent le sexisme ambiant alors même que 63 % des femmes disent avoir subi ou avoir été témoins de violences physiques ou sexuelles sur le campus et 10 % avoir été victimes d’agressions sexuelles.
Quant aux universités, elles ont engagé des mesures importantes (dispositifs de prévention, rappel des obligations légales, campagne de communication et formation des agent.es etc.), mais il semble qu’il demeure un écart entre la lettre et l’action. Le phénomène demeure massif et les pratiques d’évaluation très insuffisantes ».
Au travail : une réalité encore trop banalisée
« Quant au monde du travail, la prévalence du sexisme demeure très importante, en France comme en Europe. 60 % des Européennes déclarent en 2019, avoir déjà été victimes d’au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle au cours de leur carrière et la dernière consultation du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, en 2016, fait état de près de 80 % des femmes qui considéraient que, dans le monde de l’entreprise, elles étaient régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes ».
Des avancées juridiques, mais une efficacité limitée
« La reconnaissance juridique du sexisme a progressé avec l’introduction de l’agissement sexiste dans le Code du travail, en 2015. De même les obligations de l’employeur ou de l’employeuse en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ont été renforcées récemment, que ce soit au niveau du règlement intérieur, de son devoir de prévention, de la nomination de référent.es harcèlement sexuel et agissements sexistes.
Mais les formations annoncées, notamment de l’inspection du travail, et l’imposition de sanctions disciplinaires par l’employeur contre l’auteur de propos ou actes sexistes et les sanctions financières aux prud’hommes ne sont pas à la hauteur des enjeux ».
Dans les PME : un manque de ressources pour agir
« (…) Les bonnes pratiques foisonnent mais manquent cruellement de relais pour échanger les expériences et accompagner les plus petites entreprises qui n’ont pas toujours le personnel nécessaire pour organiser des démarches de lutte contre le sexisme. »
Le sexisme, révélateur de limites structurelles
Que retenir de la mise en place de l’ensemble de ces dispositifs, sinon qu’elle interroge profondément sur leur efficacité ?
Me Too : un révélateur du sexisme systémique
Le mouvement Me Too, qui est aujourd’hui sectoriel, n’est-il pas le symptôme que les avancées législatives, les chartes, les plans de communication, les injonctions descendantes ne peuvent suffire à faire avancer la sécurité des femmes au travail devant des cultures et des comportements profondément ancrés ?
